La Duchesse de Beaumanoir dormait paisiblement dans son lit.
Une ombre passa devant sa fenêtre aux volets entrouverts. Les volets s'ouvrirent, la fenêtre également et un courant d'air frais pénétra dans la pièce faisant danser les rideaux de taffetas bordeaux.
L'ombre pénétra dans la chambre. La duchesse dormait encore. Elle était belle et portait fièrement ses 20ans. Ses longs cheveux blonds ondulaient audacieusement sur sa couche, on aurait dit qu'elle dormait sur un fleuve de miel. Elle semblait frêle, innocente...Elle était ô combien tentante!
Cela faisait à présent deux semaines que l'ombre l'observait. Ce soir était le soir, elle deviendrait une des leurs.
L'ombre passa devant le lit à baldaquin, silencieuse, inquiétante, la mort à l'état vivant.
La jeune duchesse du sentir cette froideur venu des enfers, elle ouvrit les yeux et l'instant d'après son cri mourait sous la main qui se plaquait sur ses lèvres. Elle ne comprit pas cette voix qui lui parlait de mystérieuse façon, ni la douleur telle une horrible morsure dans son cou. Elle ne comprit rien, absolument rien, et sous le choc elle oublia tout. Elle perdit connaissance et sa conscience avec...
Elle se réveilla plus tard. Quand? Elle l'ignorait. Elle reposait sur une sorte de lit de velours rouge. Elle comprit rapidement qu'il s'agissait en fait d'un cercueil. L'ombre était là, attentive, patiente, elle aurait glacé le sang de n'importe qui, mais plus de la duchesse car à présent la même froideur circulait dans ses veines.
L'ombre lui tendit la main et elle la prit. Il l'aida à s'asseoir puis se mit en devoir de tout lui expliquer. Il l'avait choisi elle pour effectuer une importante mission. Elle devait réussir, elle était à présent une camériste.
Elle le regardait ne comprenant mot à ses paroles et ne cherchant pas non plus à comprendre. Elle avait faim!
L'ombre n'y pretait pas attention. Il était tout à son récit de guerre, de secret, de vampire, de ventrues...Il lui parla de l'amulette aussi, et de ce qu'il attendait d'elle, de la nouvelle vie ou plutôt non vie qu'il lui offrait, de l'immortalité...Elle n'écoutait guère, elle avait faim.
Et puis, il sortit quelque chose de dessous sa cape. L'amulette. Il la lui tendit. La faim, était trop forte, elle le mordit.
La gifle qu'elle reçu failli la faire retomber dans le cercueil. Elle porta la main à sa joue et le fusilla du regard.
L'instant d'après elle s'enfuyait.
Elle traversa le cimetière en courant avant de se fondre dans la nuit. Un cri s'éléva derrière elle avant qu'elle ne disparaisse. L'ombre l'appelait: YLESIAAAAAA!!!!!!!! Entendit elle crier, mais déjà elle disparaissait.
[...]
Une centaine d'années plus tard après moult errances et atrocités, elle finissait son repas dans une ruelle londonienne.
"Ylesia!" Le nom vint à elle comme porté par le vent. Elle lâcha le garçonnet qu'elle venait de vider de son sang et se tourna vers lui. Il était toujours le même. Elle le détailla, mais sans hostilité, elle savait que ce moment arriverait. Elle l'avait toujours su.
Du revers de la main elle essuya le sang qui perlait à son menton. Elle ne dit pas un mot, le laissant parler une fois encore. Il lui rappella le récit, reparla de la mission, et lui tendit l'amulette. Cette fois elle la passa autours de son cou. Si l'ombre avait dit vrai alors la mission l'intéressait.
Il voulait servir les ventrues, elle voulait se sevir elle même. Evidemment, elle ne lui précisa pas ce dernier point.
Les vingts années suivantes, ils les passèrent ensemble. Il lui apprit tout, absolument tout ce qu'il savait, et fit d'elle ce qu'elle était devenue. Une ombre tout comme lui. Elle apprit à découvrir ce clan qu'elle ne connaissait pas, leurs coutumes, leur pensées, elle apprit à se fondre dans le décor, à se montrer persuasive, à user de réflexion plutôt que de force, à ruser plutôt qu'à se bagarrer. Elle apprit à s'élever parmi ce qui était devenu "les siens." Ylesia était née!
Elle paraissait toujours 20ans, elle en avait 140. Elle n'était plus duchesse mais vampire. Elle avait sa propre moral, de nouvelles envies. Il était temps, elle partait en mission!
L'amulette à son cou et la mort dans les yeux, elle était intelligence et perfidie, force et conviction. Le monde lui tendait les bras, il était temps pour elle de s'élever bien davantage. Elle avait sa propre ambition!